Laurent Gaudé est un humaniste, un conteur, un poète. Il nous raconte l’Europe avec son cœur, avec ses tripes. Elle est vivante. Avec ses failles, ses horreurs du passé, ses manquements du présent et ses hommes et femmes politiques dont on sait ce qu’ils sont. Il ne nous dit pas son avenir, nécessaire autan qu’incertain. Son style tient de la magie, il me laisse admirative.
Tant de générations ont prononcé ces mots.
Tant de générations y ont cru,
Sans que cela jamais n’empêche le désir de vengeance, l’escalade, le retour du pire.
Jusqu’au jour où un petit groupe d’hommes inventent une autre façon de les dire, ces mots.
Il ne faut plus châtier l’ennemi, il faut s’allier avec lui.
Et puisque la guerre s’est nourrie d’acier et de charbon,
C’est par là qu’on commencera.
Les pères fondateurs – qui n’ont pas encore ce nom –
Sillonnent le continent et essayent de convaincre.
Plus jamais ça.
Il ne faut pas prendre le dessus sur l’Allemagne,
Il faut unir son destin au nôtre.
On n’a jamais réfléchi ainsi.
Qui sont-ils, ces hommes qui veulent s’unir ?
Monnet,
Adenauer,
Shuman,
De Gasperi,
Spaak,
Bech,
La bonne moitié d’entre eux n’ont jamais été élus.
Nous l’Europe banquet des peuples. Laurent Gaudet
Ce magnifique texte nous impose de nous poser certaines questions.
Nous sommes nous suffisamment intéressés à l’avenir de l’Europe en tant que simples citoyens ?
Avons-nous mesuré les enjeux de cette union, son implication dans notre avenir fasse aux super puissances extérieures à notre vieille Europe ?
Nous sommes le berceau du monde, devons-nous le laisser nous engloutir ?
