La cupidité et l’envie gâchent tout, c’est connu, François Mauriac dépeint très bien dans « Le noeud de vipères » ces faiblesses dont l’être humain détient l’exclusivité.

Il faut dire qu’il y a une fortune en jeu.
Comment dans cette famille en vient-on à des complots extrêmes de part et d’autre, pour soutirer ou priver d’argent l’un ou les autres ?
Le vieillard avare et acariâtre, n’a pas de mots assez durs pour qualifier le reste de sa famille, seul contre eux.
À l’époque de Mauriac on est un vieillard à soixante-huit ans, sic.
Mais la dureté de l’homme que je suis, le dénuement affreux de son coeur, ce don qu’il détient d’inspirer la haine et de créer autour de soi le désert, rien de tout cela ne prévaut contre l’espérance… Vas-tu me croire Isa ? Ce n’est peut-être pas pour vous, les justes, que ton Dieu est venu, s’il est venu, mais pour nous. Tu ne me connaissais pas, tu ne savais pas qui j’étais. Les pages que tu viens de lire m’ont-elles rendu à tes yeux moins horrible ? Tu vois qu’il existe en moi une touche secrète, celle qu’éveillait Marie, rien qu’en se blottissant dans mes bras, et aussi le petit Luc, le dimanche, lorsqu’au retour de la messe, il s’asseyait sur le banc devant la maison, et regardait la prairie.

...Existe-t-il des pères aveugles ? Janine est ma petite-fille ; mais serait-elle ma fille, je ne la verrais pas moins telle qu’elle est : une créature qui ne peut rien recevoir d’un autre. Cette femme aux traits réguliers, épaisse, lourde, à la voix bête, est marquée du signe de celles qui n’arrêtent pas un regard, qui ne fixent pas une pensée. Elle semble belle, pourtant, au long de ces nuits, d’une beauté étrangère à elle-même, empruntée à son désespoir. N’existe-t-il un homme que cet incendie attirerait ? Mais la malheureuse brûle dans les ténèbres et dans un désert, sans autre témoin que ce vieillard…

François Mauriac

Qui a commencé ?
Le plus vieux vraisemblablement, mais tout ceci ne serait-il pas un énorme malentendu ?
Les non-dits sont monnaie courante, on ne parle pas d’argent, cela ne se fait pas, mais on ne pense qu’à ça, jusqu’au moment où l’on passe à l’offensive.
La mort est imprévisible et déjoue toutes les intrigues, elle va changer le cours de la vie de cette famille bourgeoise et très catholique de Bordeaux
On finit par se prendre d’une sorte de tendresse pour le vieux, on se surprend soi-même, en tout cas on ne s’y attendait pas.
Curieusement ce roman parle d’amour, mais ne s’agit-il pas toujours de cela lorsqu’on évoque un héritage qui donne lieu à des batailles ? 😉

Laissez un commentaire !