Je suis sensible aux couvertures des livres lorsque j’en choisis un sur l’étalage d’une librairie, je l’ai sans doute déjà dit. Celle-ci m’a immédiatement fait pensé à un roman typiquement britannique, avant même de lire la quatrième sur laquelle est notifié son appartenance à la lignée des romans de Daphné du Maurier. Il y a en effet du Manderley dans ce manoir mais pas seulement, Le grand Meaulnes s’invite également à travers ces lignes.

Maman aime vivre simplement aux Lapins noirs. Ici, on n’a pas de personnel à proprement parler: juste Peggy, qui habite au manoir et prépare les repas ; Annie une écervelée du village qui fait semblant de faire le ménage – Peggy l’a renvoyée pour sa paresse il y a deux ans, mais elle est revenue travailler ; une troupe de vieux charpentiers, dont l’un a un oeil de verre qu’il tapotera avec son tournevis si on le lui demande gentiment ; et des jardiniers encore plus âgés, qui ont travaillé ici toute leur vie, puent le crottin de cheval et paraissent creuser leur tombe à chaque coup de pelle. Il n’y a pas de nounou. Pas quand on est en Cornouailles. Cela sidère toutes mes amies. Seulement, maman ne voulait pas qu’on soit élevés par des nurses comme papa, papi et tous les morts qui pendent aux potences de notre arbre généalogique,caché dans le troisième tiroir du bureau de papa.

 

 Je n’ai encore jamais vu un garçon pareil : grand, mince, incroyablement dense, étoffé par endroits. Ses épaules tendent la laine de son blazer et sa posture voûtée ne parvient pas à cacher sa taille. Ses yeux, contrairement à ceux de sa mère, sont d’un noir de fumée, son visage tout en angles et en saillies-comme ceux des jeunes en blouson râpé qui traînent sur des motos, la cigarette aux lèvres, près de chez mamie à Chelsea. Des hommes, me prévient mamie, dont je ne dois jamais attirer le regard. “Extrêmement mauvais genre.” Fascinant.

 

Un manoir en Cornouailles. Eve Chase

Ce roman est écrit agréablement, tout en racontant une histoire bien menée, tout y est, le romanesque d’une histoire d’amour impossible d’adolescents, l’ambiance d’une demeure familiale durant les vacances d’été, un secret bien gardé, une belle mère détestée, l’amour et la jalousie qui mènent au drame. On y ressent aussi la nostalgie d’une époque révolue qui touche au cœur et l’alternance de deux époques et deux points de vue. Les pages se tournent avec plaisir, un bon roman. 😊

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