Quelle histoire !
Cet auteur a sans doute lu Houellebecq et en a tiré les leçons qui ont porté leurs fruits. Il n’est pas question ici de parler d’imitation, ce serait lui faire offense, mais on ne peut s’empêcher de penser à lui en lisant ce roman au style direct, efficace et précis, différent parce que le point de vue est féminin.
Elle avait fini par comprendre. Il n’était plus possible de le nier, elle était sacrifiée sur un autel de bêtise et de renoncements. Elle travaillerait, dans des positions d’infériorité humiliante, on exigerait d’elle qu’elle ne dorme jamais plus de six heures consécutives, qu’elle ait les ongles propres, qu’elle pointe au téléphone comme à l’usine, on vérifierait sans cesse la qualité de ce qu’elle aurait fait ou produit, elle avalerait toute sa vie du jargon de management, elle vieillirait dans des postes mal rémunérés, surveillée par des supérieurs interchangeables, tandis qu’elle s’enliserait professionnellement, comme son père ouvrier depuis des décennies, encadré par des contremaîtres gonflés d’importance. L’ambition pour sa caste n’était pas une qualité mais une utopie ou une lubie, ce n’était pas pour elle, elle devrait cesser d’envisager toute évolution, on appellerait ça l’humilité ou la raison. Marion Messina.
Il n’y a pas que les gens venus d’autres pays qui ne se sentent plus chez eux nulle part, ceux de province (des régions) aussi, qui viennent à Paris. Ils ne s’y sentent pas bien, mais ne peuvent plus en repartir.
Cette impossibilité de se loger décemment, de vivre tout simplement, sans passer ses journées dans un travail alimentaire et des heures dans les transports en commun.
Et l’amour dans tout cela ?
La chance de rencontrer la bonne personne au bon moment n’est pas donnée à tout le monde. On referme le livre avec au minimum, le cœur lourd et le ventre douloureux, mais avec le sentiment d’avoir découvert un auteur. 😊
CS;)
