Voici le premier épisode de mon roman feuilleton CUPIDITÉ.
Je publierai chaque épisode le jeudi.
J’espère qu’il vous plaira et j’attends vos commentaires :).
LA FILLE
Chambre, intérieur jour, beau temps doux de printemps. Huis clos entre une mère et sa fille, la mère est allongée, son regard se perd sur sur une jolie cour intérieure fleurie, un chêne centenaire trône au milieu de cette cour jardin, le parfum qu’exhalent les fleurs pénètre dans la chambre. La fille est près du lit, elle fixe sa mère.
Voilà ma petite maman, Nous sommes enfin rentrées à la maison, tu es contente d’être enfin chez toi ?
Mais oui bien sûr.
je vais te consacrer le reste de ma vie, je vais me sacrifier pour toi, je vais te sauver !
Tu verras, ce sera formidable, nous serons enfin réunies, je pourrai bien m’occuper de toi ma petite maman.
Nous irons ensemble au jardin, je confectionnerai tes repas, je m’occuperai de tout.
Crois-moi ma petite maman, ce sera merveilleux.
Non tu n’as pas à t’inquiéter, j’ai tout organisé, tu verras.
Il n’y a que moi qui t’aime.
Oui je sais, ne me remercie pas, c’est naturel qu’une fille aide sa mère.
Oui, je suis formidable, tu me le disais souvent, avant, quand tu pouvais encore parler. C’était très gentil de ta part, mais tu sais je le fais pour toi, parce que je t’aime ma petite maman, tu le sais ça.
J’aurais voulu te sortir plus tôt de cet horrible hôpital, mais ton fils ne voulait pas, il prétextait que tu n’étais pas assez forte, pas encore remise de ton accident cardiaque.
Mais bien entendu, c’était faux, pendant ce temps, il profitait de ta maison.
Ah, il m’en a fait voir, tu peux me croire, il a été terrible tu sais, et sa femme je ne t’en parle même pas.
Mais c’est bien fini tout ça, je lui ai écrit une belle lettre, une lettre dans laquelle je lui explique qu’il va être débarrassé de toi, puisque tu les encombres tant.
Je lui ai expliqué qu’à partir de maintenant, je m’occupe de tout, absolument tout.
Il n’aura plus à intervenir.
Je suis sûre que ça te soulage de savoir ça, oui je le vois à ton visage, tu es déjà plus détendue que lorsque nous sommes parties de là-bas. D’ailleurs l’infirmière qui est venue te soigner ce matin me l’a dit : votre maman a l’air mieux qu’hier soir.
Mais oui bien sûr, quoi de mieux qu’être rentrée chez soi. Mais ça, il ne peut pas le comprendre cet égoïste, mené par le bout du nez par sa femme, par le bout du nez ou d’autre chose d’ailleurs.
Excuse-moi ma petite maman, désolée, je sais que ce que je viens de dire est inconvenant, tu ne supportes pas, mais je suis tellement scandalisée par son attitude.
Tu ne t’aperçois de rien étant donné ton état, mais moi j’ai bien compris son manège.
Je sais qu’il n’était pas comme ça avant, il n’est pas complètement responsable, mais après tout il a choisi celle qui partage sa vie, non ?
Enfin c’est égal, je t’ai sortie de là ma petite maman, non vraiment inutile de me remercier, c’est mon rôle de fille.
Il faut bien se soutenir entre femmes, dans ce monde dirigé par les hommes.
Je ne veux rien dire contre mon père, paix à son âme, mais quand même, il n’a rien fait pour arranger la situation.
Tu seras d’accord si je dis qu’il a toujours privilégié son fils.
Ah, je vois à tes yeux que tu ne me suis pas tout à fait dans mon raisonnement.
Il est vrai que tu l’as toujours fait passer avant moi, ton mari. J’étais reléguée au second plan.
Si tu avais à choisir entre lui et moi, c’est lui que tu préférais. Mais je ne t’en veux plus pour ça.
Ni pour avoir préféré mon frère.
Je me souviens de la naissance de Patrick comme si c’était hier, j’avais juste trois ans, mais je me souviens de tout.
D’abord j’ai ressenti de la joie à l’idée d’avoir un bébé à moi, à trois ans je supposais que ce serait une poupée que je pourrais câliner en vrai.
Mais tu n’as pas voulu, tu le voulais pour toi, je ne pouvais pas le toucher, tu hurlais que j’allais lui faire mal.
C’est moi qui avais mal, maman.
Le défilé de la famille et des amis a commencé.
Ils disaient : Comme il est beau, un mélange de vous deux, on n’a jamais vu un aussi beau bébé, il est parfait.
Moi je disparaissais.
Comme j’ai souffert maman.
Un jour j’ai surpris une conversation entre papa et toi, vous ne compreniez pas comment je pouvais être aussi moche et avoir un frère aussi beau.
Tu as dit à mon père, maman :
” le pire c’est qu’elle n’est pas charmante, certaines personnes ne sont pas jolies mais ont un certain charme, Suzie est vilaine c’est tout. Cela me désole tant pour elle.
Que va-t-on en faire ? Un visage si peu avenant est un handicap. Que va-t-elle devenir ? “
Et oui, tu ne t’en souviens peut-être pas, tu as l’air horrifiée, mais je t’assure que je n’invente rien.
Mon père se moquait bien de ce que je pourrais devenir.
Vous ne m’avez jamais aimée en fait.
Mais tu vois je ne t’en veux pas ma petite maman, je m’occupe de toi malgré tout ça. Tu es ma petite maman chérie.
Dis-moi, tu m’aimes ? Oui c’est vrai, tu ne peux pas parler.
Mais je parle, je parle, tu dois être bien fatiguée.
Tiens prends ton calmant, je vais devoir aller faire quelques courses, je préfère que tu dormes pendant ce temps, c’est plus prudent.
À suivre …CS;)
Voilà je commence la lecture de ton roman-feuilleton.
1er épisode juste achevé
J’ai aimé sentir la tension monter, la contradiction entre les souvenirs narrés et l’expression réitérée de l’absence de rancune, et avoir finalement l’impression de me trouver face à une folie malveillante.
Merci pour ce généreux partage !!
Merci Emmanuelle pour ton analyse très bien vue 😉
Alors là trop trop court…… mais j aime déjà le début j attends avec impatience
Merci
Merci 😉 la suite jeudi prochain 🙂