Voici le premier épisode de la série Le manège enchanté.
J’espère que cette nouvelle histoire vous enchantera, même si le thème est loin d’être enchanteur. 😉
La première fois que je me suis fait chopper, c’était vers l’âge de sept ans, par ma mère.
Une de ses phrases favorites à mon égard était :
tu veux une baffe ?
Ça vous donne une idée du degré d’intimité qui était le nôtre.
Elle n’avait pas la fibre maternelle très développée.
Elle était chef d’entreprise et avait tendance à me considérer comme un de ses employés, j’avais intérêt à filer droit.
Ce n’était déjà pas mon genre à l’époque.
Quand elle me prit la main dans le sac, c’était le sien.
Je voulais lui piquer de quoi m’acheter des bonbons.
Elle n’apprécia pas du tout.
Je dois dire pour ma défense, qu’elle m’interdisait tout aliment sucré sous prétexte que j’avais de mauvaises dents.
Du coup j’étais complètement frustré et je l’aurais tuée pour un bonbon.
Seulement forcément à sept ans, je n’en avais pas les moyens logistiques, alors je me débrouillais comme je pouvais en lui piquant du fric dans son sac.
Malheureusement, elle était plutôt près de ses sous et s’en apercevait la plupart du temps.
Ce qui donnait lieu à sa fameuse tirade :
Tu veux une baffe ?
Je ne comprenais pas pourquoi elle me posait la question, vu qu’elle avait la réponse au bout des doigts et que moi contrairement à ce qu’elle avait l’air de penser, je ne voulais pas.
J’étais un garçon entêté.
Cela frisait la connerie, parce que mon entêtement à lui piquer du pognon, se traduisait par une multitude de roustes.
Justifiées je suis obligé de le reconnaître.
Cela ne servit pas à me rendre plus honnête, au contraire je crois.
Ou alors j’avais ça dans le sang, je ne sais pas.
Peut-être un jour, quelqu’un se penchera sur mon cas et mon cerveau et découvrira des connexions incroyables, définissant le parfait escroc.
Quoique parfait ne semble pas être le mot juste, car dans ce cas je ne me serais pas fait choper et foutre au gnouf, enfin il me semble, mais ça n’engage que moi.
Je suis né de père inconnu.
Pas inconnu pour tout le monde, en tout cas pas pour ma mère. Elle me donnait pour toute réponse lorsque je lui demandais qui était mon père :
Il vaut mieux que tu l’ignores, cela te sera plus profitable.
Comme je ne voulais pas provoquer sa colère, je n’insistais pas, je me disais que j’y reviendrais plus tard.
Les adultes imaginent des phrases qui parfois sont emplies d’un grand mystère. On peut même se demander si elles ne sont pas faites uniquement pour embrouiller la tête des enfants.
Cela te sera plus profitable, qu’est-ce que ça pouvait bien pouvoir dire ?
Même plus tard lorsque j’ai découvert qui il était, je n’ai pas compris ce qu’elle avait voulu dire, mais de cela nous reparlerons.
Comme j’étais obstiné, je lui posais régulièrement la même question à propos de mon père, elle me répondait toujours de la même façon, c’est le seul sujet pour lequel elle ne me menaçait pas d’une paire de claques.
J’ai réalisé plus tard que cette question devait correspondre à un souvenir douloureux, mais elle ne m’en dit jamais plus.
Dès que je fus assez âgé pour aller dans les magasins tout seul, je commençais à piquer n’importe quoi dans les rayons. Des petites choses insignifiantes comme un rouge à lèvres ou un crayon.
C’est à l’une de ces occasions que je me fis chopper.
Ma mère vint me chercher au commissariat que je visitais pour la première fois.
Je l’attendais sur un banc avec la mine du condamné à mort.
Cette fois-là, elle ne dit rien et m’envoya un aller-retour qui me propulsa contre le mur.
Même les flics avaient l’air impressionnés.
Elle me traina par l’oreille jusqu’à sa voiture et m’enferma dans ma chambre dont je ne ressortais que pour aller en cours, cela dura un mois, j’avais douze ans et je me souviens encore de la douleur.
Mais comme quoi l’éducation ne fait pas tout, je poursuivais mes activités.
Avec l’âge j’acquis de l’expérience et ne me fis plus chopper, enfin pendant quelques années.
J’étais plutôt bon à l’école, en tout cas lorsque je faisais l’effort d’aller en cours je n’étais pas trop mauvais.
J’avais des facilités en maths, j’étais fasciné par les chiffres.
J’étais en troisième lorsque ma mère se résigna, aidée par mes professeurs, à admettre que je n’étais pas fait pour les études généralistes, elle eut l’idée géniale de me faire entrer dans une école de comptabilité.
BAC G c’est comme ça qu’il s’appelait à l’époque et ensuite deux années de BTS.
Le rêve quoi !
Ma mère a tout organisé pour moi.
Je serais de mauvaise foi si je disais que je suis ici par sa faute, mais tout de même on n’en est pas loin.
Bon d’accord j’exagère un peu, mais elle n’est pas tout à fait étrangère à ma situation actuelle, si elle n’avait pas favorisé mon goût pour les chiffres et par capillarité pour l’argent, je n’en serais pas là.
À jeudi 😉 CS
Oh non cela recommence 😉 après Cupidité je me suis dit oh oh Manège Enchanté sera-t-il aussi prenant et bien la réponse……et oui Caroline jeudi prochain😊❤️
Merci Dani 😉 pourvu que ça dure 🙂