Voici le onzième épisode de mon roman feuilleton CUPIDITÉ.
Résumé de l’épisode précédent : Suzie raconte à sa mère comment Adam l’a demandée en mariage.
LA MÈRE
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Ma fille est-elle devenue mythomane ?
A-t-elle un ami imaginaire ?
Je ne crois pas un instant à ce récit abracadabrant.
Non pas que je ne veuille pas du bonheur de ma fille, rien ne me ferait plus plaisir,
mais la façon dont s’est déroulée cette soi-disant demande en mariage,
me paraît extrêmement suspecte.
Ou alors elle a rencontré un fou, peut-être psychopathe.
Elle serait en danger et je ne peux rien faire pour elle.
Sous ses dehors durs, elle est si naïve.
Et moi qui ai de plus en plus de mal à réfléchir.
Il est vrai que la pauvre chérie n’a pas eu beaucoup de chance jusqu’à présent.
C’est ce que j’ai craint lorsque j’ai réalisé que son physique peu avenant le resterait.
J’ai souvent souffert pour elle.
Et pourtant je n’étais pas au courant de tout ce qu’elle vient de me raconter.
Je m’en veux tellement, elle a raison de m’accuser de son infortune.
Il faut que j’arrête de prendre ces calmants, je sens que je décline.
Comment faire ?
Mais je mérite ce qui m’arrive et c’est de ma faute si elle est malheureuse.
Je ne demande que son bonheur, mais cette aventure-là ne me paraît pas vraisemblable.
Qui est cet homme ?
Je suis très inquiète, comment la prévenir ?
Oh même si je pouvais parler, elle ne me croirait pas, elle est si têtue.
Lorsqu’elle était petite, elle se jetait au cou des petits garçons dont elle était amoureuse.
L’amour est tellement sincère dans l’enfance.
Les garçons la rejetaient, ils avaient peur de cette petite fille qui les attrapait par le cou pour les embrasser, elle n’était pas farouche.
Je ne sais pas si elle a continué sur ce chemin ensuite, mais je me doute un peu de la réponse.
Les hommes n’aiment pas plus que les petits garçons qu’une femme se jette sur eux, ils prennent peur.
Ma pauvre fille n’est pas douée pour le bonheur et cette histoire est vraiment bizarre.
J’espère sincèrement me tromper, mais mon instinct est sûr et malgré mon esprit devenu confus, je crains affreusement d’avoir raison.
Elle me ressemble si peu.
J’étais une jeune fille timide, maladivement solitaire.
J’étais fille unique, je n’avais pas eu dans mon enfance, l’apprentissage des disputes et bagarres entre frères et sœurs.
À partir de l’âge de dix ans, nous sommes partis tous les étés avec mes parents à Saint Jean de Luz.
Nous n’étions pas très riches, mon père était un petit commerçant, il a rencontré très jeune ma mère qui était ouvrière, nous vivions dans la région parisienne.
Ils pensaient ne pas avoir les moyens d’élever plusieurs enfants et s’étaient contentés de n’en avoir qu’une, moi.
Nous vivions très modestement toute l’année.
Mes parents mettaient un point d’honneur à m’emmener à la mer tous les étés.
Ils auraient pu choisir la Normandie plus proche, mais mon père avait eu dans sa jeunesse un oncle qui lui rebattait les oreilles à propos du pays basque.
L’attraction pour cette région qu’éprouvait cet oncle avait atteint le cœur de mon père.
Tous les ans nous débarquions avec armes et bagages à l’hôtel de la Gare de Saint Jean de Luz.
Nous arrivions toujours le quatorze juillet pour le feu d’artifice, que mon père n’aurait manqué pour rien au monde.
Nous y passions quinze jours à trois dans la même chambre, je dormais sur un lit de camp.
C’était merveilleux.
Nous partions tous les matins quel que soit le temps, à la plage, il fallait en profiter un maximum.
Nous remontions une des rues menant vers le bord de mer, nous admirions toutes ces villas longeant la promenade, avec leurs ponts jetés au-dessus de la rue en contrebas pour permettre à leurs occupants de rejoindre directement les joies de la plage.
Nous descendions les quelques marches du muret surplombant le sable et nous arrêtions toujours au même endroit où nous déployions un parasol pour nous protéger du soleil ou de la pluie, parfois des deux à la fois.
Ma mère nous préparait chaque jour un pique-nique.
À la fin de l’après-midi, nous repartions vers notre hôtel.
J’admirais les dames parées pour se rendre à un cocktail ou un diner, elles étaient si élégantes, elles me donnaient à rêver.
Le soir après le diner, nous ressortions nous promener, parfois mon père nous offrait une glace.
J’étais heureuse.
Pendant huit ans de mes dix à dix-huit ans, nous avons fait le même séjour.
Chaque année j’attendais avec impatience les vacances.
Au fil des ans je me faisais quelques amis sur la plage, nous jouions au Volley.
Je garde un souvenir ému de ces étés.
L’année de mes dix-huit ans j’ai rencontré mon mari, dans un café de Saint Jean où je prenais un verre avec des amis.
L’un d’entre eux l’avait invité.
Il était plus vieux que moi d’une dizaine d’années, trop vieux, je n’y prêtais pas attention.
Je le revis cinq ans après, toujours avec ce même ami.
Je l’avais complètement oublié.
Nous avons discuté, il m’a invitée à diner, et me voilà aujourd’hui à pleurer sa mort, survenue il y a maintenant deux ans, d’un AVC foudroyant.
Je n’ai pas eu sa chance, j’ai été épargnée et je me retrouve seule dans ce lit, droguée par ma propre fille.
Je suis en vie, mais si peu.
Je ne rêve que de le rejoindre, mais comment faire en étant paralysée ?
Je crois que mon fils comprend mon envie de disparaître, mais il est incapable d’agir, ma fille c’est autre chose.
LA FILLE
Bonsoir Maman, j’ai vu Jean-Pierre, sa réaction n’a pas été celle que j’espérais.
Visiblement mon bonheur lui importe peu.
Ce sale égoïste était furieux de s’être déplacé pour m’entendre lui expliquer à quel point je suis heureuse.
Il a râlé parce que je ne voulais pas le rejoindre dans la chambre d’hôtel qu’il avait réservée.
Les hommes sont des égoïstes, libidineux.
Sauf Adam bien entendu.
Il a été odieux, j’ai découvert sa vraie nature maman, et bien, je te prie de croire que ce n’est pas joli, joli.
Je ne le regretterai pas, c’est certain.
Je suis très déçue.
Je sais tu me l’as souvent répété, je suis trop naïve, mais vois-tu, je crois en la beauté de l’humanité, je ne peux pas m’en empêcher, c’est comme ça.
Enfin je suis contente d’en être débarrassée.
Il faut que l’on parle sérieusement, maman.
Adam gagne bien sa vie, mais il va devoir donner une pension à ses enfants et une prestation compensatoire à sa femme.
J’ai peur qu’elle soit très gourmande la garce, Adam le craint aussi.
Il m’a parlé d’un investissement très intéressant, inutile que je t’explique, tu n’y comprendrais rien.
Mais sache que grâce à ce placement, je serai tranquille jusqu’à la fin de mes jours, Adam me l’a affirmé et d’après ce qu’il m’a expliqué, je le crois.
Il s’y connaît en investissements.
Il faut donc que nous trouvions un arrangement toutes les deux.
Tu sais que je n’ai pas d’argent de côté.
Comment pourrais-je en avoir avec ce que tu me donnes.
Ce n’est pas un reproche, je sais que mon frère t’empêchait, par jalousie, de me verser plus.
Seulement maintenant, il n’est plus dans la course.
Je l’ai éliminé.
Certes je mets un peu d’argent sur un compte chaque mois, mais je ne peux pas faire de trop gros virements car je ne veux pas que ton chargé de clientèle, s’inquiète et t’appelle.
Il n’a pas à être au courant de ton état.
Alors, voilà, j’ai préparé une lettre pour demander à la banque de vendre quelques-unes de tes actions, faire un virement de cent mille euros sur ton compte courant et ensuite sur le compte dont je t’ai déjà parlé, je vais signer la lettre pour toi, avec ton accord bien sûr.
Ne sois pas étonnée, je sais imiter ta signature depuis que je suis en âge d’écrire, on se défend comme on peut n’est-ce pas !
Donc, maman, est-ce que tu me donnes le droit d’imiter ta signature, pour que tu puisses me donner cent mille euros, en pleine conscience ?
Tu es d’accord ?
Qui ne dit mot consent.
Merci maman, ton geste me va droit au cœur, j’en ferai bon usage tu peux compter sur moi.
Bon je te laisse, je vais mettre la lettre au courrier avant la levée de la poste.
À tout à l’heure.
À suivre 😉
J aime vraiment ce style de livre si il était imprimé il aurait déjà été lu mais là il me faut attendre ……… de plus en plus prenant Cupidité tu nous tiens ! Vivement jeudi
Oui Suzie est suffisamment tordue pour nous tenir, mais comment cela va-t-il finir ? À jeudi 😉
J’ai dévoré les onze épisodes d’une traite. Délicieusement cruel et jouissif ! Je crains que ça ne finisse très mal… le plus dur maintenant est d’attendre jeudi prochain pour la suite. Bravo Caroline !
Merci beaucoup Michele pour ce commentaire très encourageant. Je pense que dans le genre tu ne vas pas être déçue du moins je l’espere 😈
de nouvelles révélations ,donc de nouvelles questions sur les motivations de SUSIE !!!!!a chaque épisode on s interroge sur l opinion que l on peut se faire ……tres bien mene tout cela !!!!!! on attend la suite !!!!!!
Merci pour ton commentaire, la semaine prochaine quelques indices supplémentaires, le dénouement approche. 😉