Voici le neuvième épisode de ma série  CUPIDITÉ.

Résumé de l’épisode précédent : Suzie rencontre une amie d’enfance, elle est séduite par le mari de cette amie.

 

LA MERE

 

Ma fille est un monstre, j’ai engendré une ordure.

Je ne l’avouerais pas, même si je pouvais parler.

Quelle honte !

Mais je le dis ici, je ne la supporte plus.

Comment une mère peut-elle parler de son enfant ainsi ?

Je suis un monstre.

Un monstre qui a donné la vie à un autre monstre.

Il faut que je prévienne Patrick, elle va lui faire du mal j’en suis sûre, mais comment faire ?

Le pauvre chéri sera sans défense, face à tant de malveillance.

Et je suis tellement impuissante.

Pourquoi ne suis-je pas morte ce jour de malheur.

Quel tourment veut-Il m’imposer encore et encore.

N’ai-je pas assez souffert ?

Cette enfant est mon fardeau, ma pénitence, mais je ne me souviens pas de ce que j’ai pu commettre pour mériter ça.

Comment faire pour protéger mon fils ?

Elle sera impitoyable je le sais.

Dès que j’aurai fermé les yeux, c’est à lui qu’elle s’en prendra, je ne supporte plus de ne pouvoir agir pour le défendre.

Elle a déjà commencé avec son histoire de plainte pour coups. Le pauvre chéri, incapable de faire du mal à une mouche.

Comment en suis-je arrivée là, à détester ma propre fille, mon enfant, ma chair et mon sang ?

Je me méprise.

Quand vais-je être libérée de ce poids, quand cela va-t-il finir ?

Est-ce que ce fichu cœur ne va pas cesser un jour de battre ?

Est-ce que je suis condamnée à la vie éternelle ?

Vivre éternellement.

Une vie en Enfer.

 

LA FILLE

 

Bonjour maman.

Je vais devenir folle, ça a recommencé cette nuit, encore cette fichue panne d’électricité.

Ton électricien est un abruti.

Je l’ai appelé à la dernière panne, il m’a dit que tout était normal, qu’il ignorait pourquoi les plombs avaient sauté.

Je vais lui passer un de ces savons, il va sentir le vent dans ses oreilles cet incapable. Il n’est pas prêt d’être payé pour son déplacement de la fois précédente, j’ai bien fait d’attendre, je me doutais qu’il me baratinait.

J’ai passé la moitié de la nuit prostrée en tremblant sur mon lit à écouter le moindre bruit.

En plus je jurerais qu’il y a des souris dans mon placard, je n’ai pas eu le courage de regarder ce matin, je pense que je me serais évanouie si j’en avais vu la queue d’une.

Je vais demander à Clémentine d’aller voir dès qu’elle arrive, il faut bien qu’elle serve à quelque chose celle-là.

Tu n’as jamais été très douée pour embaucher maman, tu as toujours eu des problèmes avec le personnel de maison, mais là on bat tous les records.

Je vais appeler un autre électricien pour qu’il vienne vérifier, j’espère qu’il sera plus futé que celui-là.

Ah, Clémentine arrive, je reviens.

 

Elle n’a rien trouvé, je suis sûre qu’elle les a fait partir.

Cette fille me déteste.

Je vais lui faire payer tu peux me croire, elle va avoir de bonnes raisons de m’en vouloir, tu peux en être sûre.

J’ai appelé un deuxième électricien, il vient cet après-midi, nous verrons bien.

J’ai un autre problème, Jean-Pierre revient ce week-end, nous devons retourner à Bayonne, mais Adam, qui est fou de moi, s’est arrangé pour s’inventer un colloque à l’autre bout de la France et veut m’emmener dans un Relais et Château en Espagne.

Qu’est-ce que je dois faire selon toi ?

Mais non, c’est vrai, inutile de te poser la question.

Bien entendu je t’entends comme si tu étais douée de parole, je dois arrêter immédiatement cette relation contre la morale.

Et bien tu sais quoi, ça va me détendre de faire le mal pendant le week-end.

Un mal qui me fait un bien fou.

Je vais dire à Jean-Pierre que tu requiers toute mon attention car Clémentine m’a lâchée.

Ça ne l’étonnera pas de cette garce, il m’a assez souvent entendu déblatérer sur elle, c’est parfait.

La tête que tu fais me remplit de joie, elle rend mon péché d’autant plus savoureux.

Ma mère, la pruderie faite femme.

Quelle hypocrite, je suis loin de penser que tu n’aurais pas fait la même chose dans la même situation.

Telle mère, telle fille, ha ha.

Tu peux bien me regarder avec cet air revêche.

Que vas-tu faire ? Me gronder ? Me punir ?

Comme le faisait ton mari, lorsqu’il m’envoyait dans ma chambre sans manger, parce que j’avais été insolente.

C’était à n’y rien comprendre, un coup il m’enfermait dans la cave parce que je ne voulais pas finir mon assiette, le jour suivant il m’envoyait dans ma chambre sans manger.

Quelle éducation cohérente !

Et après tu te plaignais, tu me trouvais difficile.

Mais je crois qu’il y avait en effet de quoi être perdue, n’est-ce pas ma petite maman ?

Mais bien sûr comme toujours c’était pour mon bien.

Ben voyons.

Est-ce que cela n’était pas plutôt parce-que je n’étais pas désirée ?

Il me semble que je suis un accident non ?

Un départ un peu rapide, avant les trois coups.

La sonnerie de début de séance n’avait pas retenti.

Hou la la, maman, ce n’est pas beau de vivre dans le péché.

Tu te crois irréprochable ?

Tu penses que tu peux me faire la morale ?

Tu crois que c’est agréable de débuter dans la vie en tant qu’accident ?

Vous êtes quoi dans la vie ?

Oh moi, je suis un accident, oui un pauvre accident, je n’étais pas prévue, ils ont fait avec, parce-que ce sont des gens biens, de bons croyants qui ne tueraient pas leur prochain.

Mais bon quand même, il faut bien le dire, ils étaient bien emmerdés ces braves bourgeois.

Ils n’ont pas pu s’en empêcher, hein ?

Mais la conséquence est un peu lourde.

Oups, un accident.

Franchement, tu crois que c’est chouette maman, d’être là par erreur ?

On aurait préféré faire sans, mais voyez-vous, puisqu’elle est là, on va la garder !

Un peu comme le gentil chiot qu’on n’a pas noyé parce qu’on l’a pris en pitié !

Bah on ne va tout de même pas l’abandonner, ça ne se fait pas.

Allez, on la garde !

Bonne pioche, ouf !

Ton fils, c’est autre chose, l’enfant adulé, vous auriez dû l’appeler Désiré, tiens, ça lui serait allé comme un gant.

Vous l’avez toujours préféré, ne fais pas cette tête, je sais ce que je dis, alors ne t’étonne pas de la situation, c’est vous qui l’avez provoquée.

Je l’aimais bien tu en sais quelque chose, toi qui étais jalouse de cet amour.
Tu t’es arrangée pour nous éloigner l’un de l’autre, sa femme a fini le travail et maintenant il me déteste.

Mais j’ai l’habitude, ma vie n’est faite que d’indifférence, de méchancetés et de persécutions.

Non mais maman ne t’inquiète pas, c’est du passé tout ça.
La psy me l’avait bien expliqué.
On a tous nos casseroles, on ne peut pas changer le passé, ce qu’il faut maintenant c’est vivre avec, supporter et aller de l’avant.

Et bien allons-y, allons de l’avant.

Pour moi c’est passer le week-end à me faire sauter, voilà mon avenir proche, ne t’en déplaise maman.

Bon week-end, à lundi.

Amuse-toi bien.

À suivre CS;)

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