Ce roman a été écrit il y a cinquante ans. Il pourrait dater d’aujourd’hui, demain ou dans dix ans, il est intemporel.

Lorsque je l’ai lu à l’adolescence, j’avais été marquée par cette histoire, je me demandais si je l’aimerais encore aujourd’hui, bien des années plus tard. La réponse est OUI. J’ai l’impression de l’avoir gardée au fond de moi toutes ces années, c’est très étonnant. Quel bonheur ! Celui de ne pas lâcher le livre, d’être impatiente d’y retourner, de regretter que la station de métro à laquelle je descends soit si proche et devoir faire un effort d’attention pour ne pas la manquer. 😊

C’est une tragédie grecque, un roman d’anticipation, c’est Shakespeare, c’est un conte, une légende. C’est un amour absolu. C’est la folie des hommes. Selon le postulat de base, les hommes ont vécu sur terre 900 000 ans avant l’époque à laquelle se situe l’action du roman et ont tout détruit. Cela ne semble pas si absurde, nous savons de quoi nous sommes capables. C’est l’histoire d’un amour qui a duré 900 000 ans. Qui dit mieux ? Des scientifiques découvrent dans les profondeurs du pôle sud les ruines d’une civilisation vieille de 900 000 ans.

Que vont-ils choisir ? Le bien ou le mal ? Les paris sont ouverts.

L’homme est d’abord un enfant avant d’être un adulte. Nous, hommes d’aujourd’hui, nous sommes des adultes. Ceux qui vivaient avant nous ne pouvaient être que des enfants.

Mais il serait peut-être bon, il serait peut-être temps de se demander si la perfection n’est pas dans l’enfance, si l’adulte n’est pas qu’un enfant qui a déjà commencé à pourrir…

Vous, les enfances de l’homme, vous neufs, vous purs, vous non usés, non fatigués, non déchirés, délabrés, harassés, vous, que ne pouviez-vous pas avec votre intelligence ?

René Barjavel. La nuit des temps.

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil. Et tout ce décor qui m’a vu grandir, pousser, devenir moi, me paraît aujourd’hui étranger, impossible. Ce monde qui n’est pas le tien est devenu un monde faux, dans lequel ma place n’a jamais existé.

C’est mon pays pourtant, je l’ai connu…

Il va falloir le reconnaître, réapprendre à y respirer, à y faire mon travail d’homme au milieu des hommes.

En serais-je capable ?

René Barjavel

Laissez un commentaire !