Voici le huitième épisode de mon roman feuilleton CUPIDITÉ.

Résumé de l’épisode précédent : Le frère de Suzie rend visite à sa mère et lui dit ce qu’il ressent envers sa soeur.

LA FILLE

Bonjour Maman, tu as passé un bon week-end ?

Le mien était génial, on n’a pratiquement pas quitté la chambre avec Jean Pierre, je ne te donne pas de détails, je sais que tu ne préfères pas.
Cependant quand nous sommes sortis prendre l’air, car il faisait un temps magnifique, j’ai rencontré une ancienne copine du Collège, enfin c’est ce qu’elle m’a dit parce que moi, je ne me souviens pas du tout d’elle.
Catherine Rabillard, ça te dit quelque chose ?
Elle devait être sacrément insignifiante pour que je n’en ai aucun souvenir.
Elle par contre se souvient bien de moi, elle m’a donné des détails que seul quelqu’un qui me connaît bien, peut savoir.
La mémoire quand même, c’est bizarre.

C’est vrai que je n’aime pas trop me souvenir de mes années d’école, grâce à ton mari qui m’a traumatisée avec ses engueulades à tout bout de champ.

Mais quand même j’aurais pu m’en souvenir de cette fille.
Attends je vais chercher la photo de classe de sixième, elle dit que c’est cette année-là qu’on a été le plus copines. Pas les meilleures amies bien sûr puisque je n’avais pas de meilleure amie, mais elle dit qu’on s’est vues plusieurs fois chez elle ou chez moi.

Ah oui c’est peut-être bien celle-ci en effet, oui ça me revient, c’était sacrément enfoui dis-donc.
En tout cas elle m’a invitée à diner demain, chez elle avec son mari et ses enfants, elle n’a pas bougé de ce trou, c’est pas croyable.
Ça va me distraire un peu, enfin j’espère.

Tu dines tôt, je te ferai manger et puis je te donnerai ton calmant. Quand tu dors je ne vois pas ce qui peut t’arriver, n’est-ce pas ma petite maman !

Je suis impatiente de voir la tête qu’a son mec, je pourrai peut-être lui piquer.
Mais non, je plaisante.
Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’un de ces foutus notables de province, ennuyeux comme un jour sans pain. Non merci, mais bon ça m’amuse de voir ce qu’elle est devenue.

Allez viens il fait beau, on va faire un tour dans le jardin.
Qu’est-ce que tu es lourde !
Et ce fauteuil qui ne tient pas en place, c’est pas facile je t’assure, il faudrait être deux pour te déplacer du lit au fauteuil roulant, mais je ne peux pas toujours attendre l’infirmière, sinon tu ne sortirais jamais.
Heureusement que tu m’as, hein ma petite maman ! Qu’est-ce que tu ferais sans moi ?
Quand je pense à ton fils, je n’en reviens pas, quel lâche ce mec.
Tu te rends compte qu’il n’essaye même pas de te revoir !
Je le sais parce que sinon cette gourde de Clémentine se sentirait obligée de me le dire.
Elle est tellement bête qu’elle boit mes paroles, elle pense sérieusement que j’ai le pouvoir de savoir qui la contacte. La bêtise humaine n’a pas de limites et elle en est la preuve vivante.
En tout cas on ne peut pas dire que tu manques tellement à ton fils. Il ne demande même pas de tes nouvelles.
Mais ça ne m’étonne pas, sa femme a dû lui faire la leçon, il est tellement faible qu’il lui donne raison sur tout.
Un vrai minable.
Enfin moi je suis là, allons-y ma petite maman.

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

Bonjour ma petite maman, tu as bien dormi ?
Il faut que je te raconte ma soirée d’hier, c’était à ne pas y croire.
Figure -toi que Catherine, cette amie dont je t’ai parlé, est mariée à un mec absolument magnifique.
Je ne sais pas comment cette dinde a fait pour se dégotter un mec pareil, dans le trou dans lequel ils vivent.
Oui d’accord Bayonne n’est pas un trou, mais bon c’est pas Paris quand même !
Je t’assure, quand je l’ai vu, j’en suis restée bouche bée.

La pauvre fille n’en pouvait plus de fierté en voyant ma tête. Du coup elle a été pendue à son cou toute la soirée, pour me jeter à la figure son bonheur.
Mais je ne suis pas dupe ma petite maman, à d’autres, j’ai bien vu comment il me regardait.
Ce type-là a les yeux qui frisent. Je suis consciente de ne pas être un canon, je ne suis pas aveugle, mais je sentais ses yeux dès que j’avais le dos tourné.

Il faut dire que dans le doute, j’avais mis une jupe très courte et très moulante qui me mettait bien en valeur si tu vois ce que je veux dire, oui tu vois apparemment.
Bon, je peux bien m’amuser un peu.

Enfin bref, quand ma copine m’a vue après que j’ai retiré mon manteau, elle a tiré une de ces têtes, j’ai failli éclater de rire.
Lui, n’en a pas perdu une miette.

Après m’avoir fait visiter son intérieur immonde, jusqu’aux toilettes à hurler, je te passe les détails, rien que d’y penser j’ai envie de vomir, nous sommes passés au salon, où un apéritif était servi.
Elle a commencé à pérorer sur sa merveilleuse vie avec son magnifique mari.
Lui ne disait pas un mot, il avait l’air de s’ennuyer mortellement.
Lorsqu’elle s’est enfin calmée, il m’a posé quelques questions, qui m’ont donné enfin la possibilité de parler de mon art.

Je leur ai montré mes dessins sur mon téléphone, surtout ceux pour lesquels j’ai eu des articles dans des magazines d’Art.
Bien sûr, ça les a impressionnés. Ils demandaient des détails, je leur ai parlé de mes expos, ils étaient subjugués.
Tu aurais été fière de moi ma petite maman.
Ensuite nous sommes passés à table.

Bon, ça a été moins drôle, des plats fades et sans saveur se sont succédés. Il faudrait que je lui donne quelques cours de cuisine, à part le dessert qu’elle avait acheté à la pâtisserie, c’était tout juste mangeable.  J’ai plaint mentalement ce pauvre homme de ce qu’il devait subir tous les soirs.

Il est représentant, elle est vendeuse.
Pas très passionnant tout ça, la soirée était plutôt terne.
Par contre une information a éveillé mon intérêt, il s’est vanté d’une belle réussite, je ne demande qu’à le croire.

En partant j’ai prétendu vouloir que nous fassions les magasins avec Catherine, je lui ai donné mon numéro de portable suffisamment lentement, pour qu’il ait le temps de le mémoriser.

Ça n’a pas loupé, une heure après je recevais un message dans lequel il me donnait rendez-vous à seize heure aujourd’hui dans un hôtel de Bayonne.

Il est sûr de lui dis-donc !

Il sait qu’il est beau mec, les femmes ne doivent pas trop résister. Moi ça me va, je veux juste m’amuser un peu.

Je le sens bien ce type, je crois que je vais m’éclater.
Je suis surexcitée.
Je me demande ce que je vais mettre.

Ah mais arrête c’est pénible à la fin, ce n’est pas parce que tu es vieille et clouée dans ce lit, que je n’ai pas le droit de m’amuser.

Je sais, avec ta foutue moralité, si tu pouvais parler, ce qui heureusement n’est pas le cas, tu me dirais de penser à Catherine et Jean-Pierre.

Mais je m’en fous, ma petite maman, je m’en fous complètement.
Ils étaient là pour me défendre, quand les autres m’attaquaient et se moquaient de moi ?
Oui je suis injuste, et alors, la vie ne l’a-t-elle pas été avec moi ?
Et qui me consolait ?
Personne, strictement personne. Alors ça va comme ça !
Je ne vois pas pourquoi je m’inquiéterais du sort des autres, personne ne s’est jamais inquiété du mien.

Je suis désolée ma petite maman, tu es toute retournée, non non ne t’inquiète pas, je ne vais rien faire de mal, juste m’amuser un peu, la vie est trop courte pour s’ennuyer.

Allez, n’y pense plus, nous allons faire ta toilette, tu vas être toute belle, nous irons faire un tour au jardin ensuite.
Je suis de très bonne humeur, ne gâche pas tout s’il te plait.

Je vais te faire un gâteau, ça te plairait ?
Un gâteau au chocolat, qu’en dis-tu ?

Ah voilà un beau sourire.
Et bien c’est entendu, je te le ferai pour ton diner.

Clémentine viendra te le donner puisque je serai occupée ailleurs, car j’espère bien que la séance va durer un bon moment.
Bon je n’insiste pas, mais demain tu ne couperas pas au récit, tu es la seule à qui je puisse en parler.
Tu es ma complice en quelque sorte, n’est-ce pas ma petite maman ?

* * * * * * * * * * * * * * *  * * * * * * *

Wahou ! Quelle nuit ma petite maman. Je suis crevée, fourbue, je n’ai pratiquement pas dormi.

Il a trouvé un prétexte pour passer la nuit avec moi, c’est un Dieu au lit ce type, c’était de la folie, Jean-Pierre peut aller se rhabiller, c’est le cas de le dire n’est-ce pas maman ?

Elle ne sait pas ce qu’elle rate sa femme, parce que pour être affamé comme ça, j’aime mieux te dire qu’il doit être à la diète.

Mais c’est quand même dingue, à chaque fois que je te parle de quelque chose qui me fait plaisir, tu fais cette tête.

Ça me rappelle quand j’étais petite, lorsque je voulais m’occuper de Patrick, j’adorais m’occuper de mon petit frère, mais toi, non, tu ne voulais pas, tu me le retirais sous le prétexte que j’allais lui faire mal.

D’accord la comparaison est peut-être mal choisie, mais je suis désolée de te le dire ma petite maman, ta réaction est la même.

Il est vrai qu’actuellement la palette de tes expressions est nettement plus réduite qu’à l’époque, mais tu sais encore très bien te faire comprendre tu sais.

Ça te fait tellement mal de me voir heureuse ?

Tu ne peux pas laisser ta morale un moment au placard ?
Ce n’est pas si grave une petite partie de jambes en l’air sans conséquences. Elle n’en saura jamais rien sa femme et Jean-Pierre non plus, rassure-toi.
Pour qui tu me prends ?

Je ne suis pas une garce, j’aime m’amuser c’est tout.

Bon je ne t’ennuie plus avec ça.

Je vais préparer ton petit déjeuner, après j’irai faire une petite sieste, il me faudra bien ça pour me remettre.
J’espère que je ne vais pas avoir de courbatures parce que … C’est entendu j’arrête, je ne voudrais pas que tu fasses un malaise, ma petite maman, tu es toute pâle, tu exagères tout de même.

Après mon petit somme réparateur, j’irai tirer un peu d’espèces au distributeur.
Parce que mine de rien tu dépenses quand même.

Et bien oui, il faut te nourrir, t’apporter des soins, payer Clémentine à prix d’or.
Tu as été beaucoup trop généreuse quand tu l’as engagée, je lui diminuerais bien son tarif horaire, mais j’ai peur qu’elle nous attaque.

Si je la prends sur le fait en train de nous voler, je ne me gênerai pas, tu peux me croire.

Je t’emprunte ta carte bancaire, ma petite maman.

Je reviens avec ton thé et tes tartines à tout de suite.

À suivre CS;)

2 Comments

  • lecoeur dit :

    Bon une petite critique !!!!! épisode raconté trop court je n’en peux plus t’attendre !!!!!!
    Un compliment : j’aime ce suspens j’aime comment vous écrivez on arrive à imaginer le décor.
    A la semaine prochaine

Laissez un commentaire !