Voici le dixième épisode de ma série CUPIDITÉ.
Résumé de l’épisode précédent : Suzie reproche à sa mère de ne pas l’avoir désirée, d’être un accident contrairement à son frère qui est le préféré.
LA MERE
J’ai eu la mauvaise idée, l’idée complètement stupide de dire à ma propre fille que sa naissance n’était pas prévue.
Je n’ai jamais parlé d’accident, j’étais enceinte de trois mois le jour de notre mariage, rien de scandaleux, pas de quoi écrire un article dans le journal local.
Nous vivions ensemble depuis trois ans avec Charles et contrairement à ce que prétend ma fille, nous n’avions pas du tout l’impression de vivre dans le péché.
Nous étions comme ces centaines de milliers de jeunes de notre âge qui pensaient que le mariage allait changer leur façon de vivre, que le contrat allait les enfermer dans une sorte de routine qui aurait raison de leur couple, c’est tout.
Le plus gros contrat de mariage c’est la naissance d’un enfant, le reste c’est du bavardage.
Donc nous vivions dans le péché, ce qui dans les années quatre-vingt était du dernier chic.
Je suis tombée enceinte sous pilule, cela arrive parfois, il y a des statistiques pour ça.
C’était assez loin d’être un drame, nous songions depuis quelques temps à avoir un enfant, nous reculions toujours l’échéance car j’avais un bon salaire, notre situation était confortable et nous avions une liberté de vie que nous rechignions à lâcher.
À l’époque, nous observions avec inquiétude nos amis, qui lorsqu’ils avaient enfanté, étaient pris d’une frénésie de couches culotte et de petits pots. Leur univers semblait s’être réduit comme peau de chagrin entre le dernier jour de gestation et celui de la délivrance.
Ils ne parlaient plus que de leur progéniture qui par magie devenait la huitième merveille du monde.
Cela nous affolait un peu, sans pour autant tourner à la psychose.
Nous nous moquions gentiment d’eux et pensions que notre liberté valait d’attendre encore un peu.
Nous avions conscience que l’arrivée d’un enfant nécessitait un certain nombre de sacrifices, ceux de ne plus pouvoir aller comme bon nous semblait au cinéma ou au restaurant, par exemple.
Pas de quoi fouetter un chat.
Ces sacrifices méritaient d’être, nous nous accordions encore un petit répit, voilà tout.
Étions-nous déjà des parents égoïstes avant même d’avoir des enfants ?
Peut-être.
En tout cas nous n’en avions pas conscience et les allégations de ma fille ne sont en aucun cas fondées.
Cependant, j’ai fait une lourde erreur en lui avouant un crime qui n’en était pas un.
Elle pourrait également nous reprocher d’avoir attendu trois ans avant de mettre en route son petit frère.
Nous craignions, étant donné son caractère, qu’elle en prit ombrage et soit jalouse de lui.
Nous nous sommes bien gardés de lui dire, ce en quoi nous avons bien fait, la suite le prouve.
Et même si dans ses premières années elle n’a montré pour lui qu’une adoration sans limites, avec le recul, même cette attitude paraît suspecte.
Elle était totalement exclusive, si je l’avais laissé faire, je n’aurais jamais plus eu l’autorisation de le toucher.
Voilà pourquoi elle me reproche maintenant de ne pas l’avoir aimée.
Cela n’a rien à voir, je l’aimais mais j’avais peur voilà tout.
Il faudrait que je trouve un moyen pour éviter de prendre toutes ces drogues qu’elle me fait ingurgiter, je deviens complètement abrutie.
Mais comment faire, elle vérifie tout, elle ne me quitte pas des yeux tant que je n’ai pas avalé le comprimé.
LA FILLE
Bonjour maman,
Comment s’est passé ton week-end ?
Tu ne me demandes pas de nouvelles du mien ?
Jouissif est le mot, je n’en dirai pas plus rassure-toi.
Je suis de très bonne humeur aujourd’hui, je vais bien m’occuper de toi ma petite maman.
Adam m’a parlé mariage.
Ta tête exprime toute la joie que t’inspire mon bonheur, ça fait toujours plaisir de voir sa propre mère s’effrayer de voir sa fille heureuse.
Oui il veut m’épouser.
Ta vilaine fille a trouvé un prétendant, il m’a fallu un peu de temps je te l’accorde, mais je ne suis pas si vieille, la ménopause est encore loin, mes ovaires sont toujours en état de fonctionner, même si je n’ai pas l’intention d’avoir d’enfants.
En tout cas ce n’est pas une raison pour faire une telle tête d’enterrement.
Je ne t’annonce pas que je suis en phase terminale d’un cancer mais qu’un homme veut vivre pour le meilleur et pour le pire mais surtout pour le meilleur, avec moi.
Je suis obligée de constater une fois de plus que l’idée de mon bonheur te fait mal maman, mais comme toujours, je te pardonne.
De toute façon, rien n’entamera ma bonne humeur aujourd’hui.
Cet homme veut mon bonheur, lui, et il y parvient, ce qui m’arrive pour la première fois.
Il est d’une générosité incroyable, en tout cas je n’en ai pas l’habitude.
Je vais enfin pouvoir voyager en classe affaires, en “Sky Priority”.
Je passerai devant toutes ces bandes de retraités de la fonction publique en goguette, les “All inclusive” affublés de doudounes, sacs à dos et banane Quechua, qui se pavanent dans les pays du tiers monde persuadés qu’ils sont supérieurs à tous ces gens qui crèvent de faim, eux qui n’ont jamais bougé de leur village d’enfance avant qu’il ne leur pousse des ailes au seuil de la mort.
Adam m’a promis de m’emmener dans les plus beaux endroits, il a commencé ce week-end, nous étions dans un hôtel magnifique, jamais aucun de mes amants ne m’a offert un endroit pareil.
D’habitude c’est plutôt l’hôtel de la gare dans le meilleur des cas.
Une fois j’ai même eu droit au Formule 1, j’ai failli mourir étouffée ce jour-là, enfermée dans la douche automatique qui s’est mise en auto nettoyage, alors que je n’arrivais pas à en ouvrir la porte pour m’échapper de ce cauchemar, j’ai eu la peur de ma vie.
Enfin cette fois-ci c’était magnifique, je t’assure qu’il ne s’est pas moqué de moi, nous avons bien profité du room service j’aime mieux te dire.
Champagne et compagnie.
J’en ai des frissons quand j’y pense.
Je ne sais pas s’il emmène Catherine dans ce genre d’endroit, je préfère ne pas le savoir.
Je suis très jalouse de sa femme. Imaginer qu’ils couchent dans le même lit me rend folle.
Il me dit qu’il n’y a plus rien entre eux, mais je me méfie, je ne suis pas sûre qu’un homme tel que lui puisse rester impassible dans le même lit qu’une femme.
Je l’aime à la folie, maman.
Il est merveilleux de gentillesse et d’attentions, j’ai l’impression de vivre un rêve éveillé.
Tu ne vois pas comme je respire la joie ?
J’ai l’impression qu’elle sort par tous les pores de ma peau.
Je me sens resplendissante.
Je n’ai jamais ressenti ça maman.
La vie est merveilleuse, je ne m’en étais jamais aperçue.
J’aime.
Jamais je n’aurais pensé pouvoir utiliser ce verbe un jour.
Tu sais quoi, par moment j’ai l’impression que je vais exploser tellement je suis heureuse.
Il est vrai que je n’ai pas été préparée à ça.
Le bonheur était une notion qui me semblait n’être faite que pour les autres.
Un peu comme la lune tu vois, le truc impossible à atteindre.
Mais je m’aperçois que c’est possible.
Je n’en reviens pas.
J’espère que je ne vais pas retomber de l’échelle.
Mais non, pas de mauvaises pensées aujourd’hui.
Je goûte ce sentiment, heureuse, heureuse, heureuse.
Je vais devoir le dire à Jean-Pierre, ça ne va pas lui faire plaisir bien-sûr, mais lorsqu’il verra mon visage épanoui, il comprendra et sera heureux pour moi j’en suis sûre.
Quand on aime quelqu’un, on veut son bonheur, n’est-ce pas maman ?
Je ne veux pas me disputer avec toi aujourd’hui, je vais donc considérer que ta réaction est due à l’effet de surprise, ce qui est naturel après tout.
Même moi, je ne m’attendais pas à ça.
Lorsqu’il m’a pris la main au restaurant de l’hôtel et qu’il m’a demandé avec une pointe d’inquiétude dans la voix, si je voulais partager le reste de ses jours, j’ai failli m’évanouir maman.
Je ne pouvais pas imaginer ça, même dans mes rêves de midinette quand je pensais à lui.
Alors je vais consacrer ma journée à te faire plaisir, ma petite maman.
Tout d’abord je vais te faire une bonne toilette, suivie d’un massage.
Ensuite nous irons nous promener.
La journée s’annonce très belle, je t’emmène à Biarritz cela fait un moment que nous y sommes allées. J’ai l’impression de t’avoir un peu négligée ces derniers temps, ce n’est pas bien, une fille doit se consacrer au bien être de sa maman chérie.
Allez en route pour une journée de joie et de plaisir !
À suivre CS;)
Que va t il se passer ? Comme quoi des mots peuvent être plus forts que des coups cette pauvre mère mérite t elle autaut d acharnement de la part de son enfant on se pose tellement de question et on doit attendre c est pas juste. Je suis à fond
À jeudi
La suite va vous réserver quelques surprises de taille, du moins je l’espère 😉
À jeudi 🙂